Le débat public

La position des partis

Le détail du vote du Congrès sur la révision de la Constitution.
Les Verts

Les Verts se sont déchirés : Le référendum interne au parti, en février 2005, a donné un score très serré (52% pour le oui), ce qui souligne à quel point le projet de constitution a semé le doute dans ce parti très pro-européen.

Sapée par la faible assise de sa position, la direction du parti fait néanmoins campagne pour le oui : Yves Cochet et Noël Mamère, députés, ont voté oui au congrès ; Daniel Cohn Bendit n'hésite pas à battre les estrades avec Bayrou et l'UMP, Jean-Luc Bennahmias, député, et Dominique Voynet, sénatrice, sont partout pour le oui. Et Alain Lipietz polémique et n'admet pas de se faire mettre en difficulté.

La substance du oui vert est un "oui mais", qui met clairement en avant les risques et les limites du TCE .

Ils résistent : Martine Billard, Jean Desessard, Francine Bavay, vice-présidente du conseil régional d'Ile-de-France, Gérard Onesta... Les thèmes à la pointe du non : anti-libéralisme, et, pour certains, décroissance. La déclaration du non vert est en cours d'élaboration, en voici une forme provisoire.

Ressources : le débat de fond dans la publication "la tribune des verts" ; Le forum de discussion qui était très actif avant le référendum interne.

Le Parti Socialiste

Le P.S. est également victime d'une ligne de clivage très importante. Après un bon départ en 2003 - le vote à l'unanimité par le conseil national de POUR L'EUROPE, LES EXIGENCES DES SOCIALISTES visant à améliorer le projet de constitution, il y a un fort clivage entre ceux qui jugent que ces exigences n'ont pas été satisfaites - appelant à voter non - et l'équipe de direction, et avec elle, les "éléphants" ("qui se trompent énormément") (Lang, Strauss Kahn, Jospin, Aubry...) qui appellent à voter oui et obtiennent environ 58% des voix au référendum interne de décembre 2004.

Malgré une unité de façade pour le oui [motion analysée ici], des appels à rester dans le rang, et des silences étonnants (MJS...), les voix du non prennent du coffre :

Ailleurs à gauche

Les positions sont plus lisibles.

Au PC et à l'extrême gauche, le non est unanime, contre un traité libéral enterrant services publics et politiques sociales :

Du côté de Jean-Pierre Chevènement (MRC), on est pour le "non républicain". Lu dans Libé : "Le rejet du projet de « Constitution européenne  » donnerait sa chance à une Europe des nations volontaires, unies sur un projet d'indépendance et de solidarité".

Au PRG, bien qu'on réserve en général un cabine téléphonique pour tenir congrès, on a trouvé le moyen de ne pas se mettre d'accord. Finalement, on votera oui.

UDF et UMP

A l'UDF, François Bayrou mène la campagne du oui, en faisant trétaux communs avec tout le monde. C'est normal quand on estime que L'Europe a besoin de notre oui.

L'UMP a voté à 90% une motion en faveur du oui. Oui pour donner une constitution à L’Europe, pour vaincre les immobilismes, pour créer une puissance politique, oui à une Europe prospère, jeune et... européenne. Notre analyse.

Quelques irréductibles, notamment Nicolas Dupont Aignan et son club "debout la République", portent le message du non, sous l'angle souverainiste, en focalisant son discours sur la Turquie.

Ailleurs à droite

On est très non de ce côté de la droite :

  • CPNT, mouvement politique rural, parle de technocratie, d'identité, d'Europe des différences, de dérive écologique, de Turquie, mais aussi d'ultralibéralisme et de services publics.
  • Philippe de Villiers (MPF) coince essentiellement sur la Turquie en particulier et l'immigration en général, la souveraineté, le port du voile, mais aussi sur l'ultralibéralisme, la démocratie, les politiques industrielles, les services publics (vus sous l'angle de la désertification rurale).
  • Mégret, pour le MNR, vitupère la Turquie, mais remarque également que "ce texte ne se contente pas, comme devrait le faire une constitution, de définir les institutions et les principes de fonctionnement qui les régissent. Il va plus loin et fixe le contenu même des politiques qui doivent être menées".
  • Le Pen évite la Turquie (prudence, risque de dérapage ?) et promet avec la constitution "la ruine de nos agricultures et de nos économies, les délocalisations et la désindustrialisation, le chômage endémique et la pauvreté, la désintégration de nos systèmes de protection sociale, l'ouverture de nos frontières à l'immigration massive, au terrorisme, à la criminalité internationale...".
Un site, www.non-2005.org, tente de rassembler toute cette droite qui dit non.

En conclusion

L'arithmétique électorale, en reprenant les suffrages du 21 avril 2002, et en tenant compte des taux d'adhésion partiel au oui des Verts, du PS et de l'UMP, donne 54,5% au non.

La position des syndicats

CGT

La CGT a toutes les raisons naturelles de voter "non", et la base l'a fait savoir à 82% au Comité Central National le 3 février 2005. Cependant, le patron, Bernard Thibault, est pour le traité, pour d'obscures tactiques que nous n'avons pas comprises. Crise en cours. Après avoir appelé au non (où ?), le syndicat avance la date de son congrès à fin avril afin de clarifier sa position. Les communiqués de presse ont été supprimés du site web. A suivre.

CDFT

« Oui » à la Constitution, « Oui » à l’Europe sociale. L'argumentaire est ici. Qu'en pense la base ?

FO
FO a un excellent dossier d'analyse du texte, sous l'angle du droit constitutionnel, puis sous celui du droit syndical. La centrale est très critique, mais "n'a jamais confondu les citoyens et les travailleurs" - et ne donne pas de consigne de vote.
CGC
La CGC émet des critiques sur le projet, notamment par pour protéger ses ouailles du dumping social. "Des ambiguïtés doivent être levées pour que la CFE-CGC puisse dire "oui" au futur référendum européen". Un dossier de 50 pages analyse néanmoins le projet sous un jour assez favorable. Mais le patron double tout le monde par la gauche - pas dans les habitudes de la CGC, défenseur des cadres - en s'engageant, à titre personnel, pour le non.
CFTC
La CFTC, "après avoir comparé les avantages respectifs du traité de Nice, qui nous régit actuellement, et du traité constitutionnel, a émis un avis favorable pour ce dernier. Cet avis n'est qu'indicatif". Une remarque que l'on aimerait entendre plus : "la CFTC est frappée par l'ignorance résignée avec laquelle beaucoup de Français abordent cette échéance".
UNEF
Le syndicat étudiant se prononce contre le TCE.

Fondations, Think tanks, associations, société civile

Contributions bienvenues !

MEDEF

Sans commentaires :
"La Constitution est un progrès pour une économie plus flexible, plus productive et pour un Etat allégé. Elle bénéficiera aux entreprises". E.A. Seillière (Université d’été du MEDEF 2004)

ATTAC

Un positionnement clair, réfléchi et intelligent en faveur du non. Enormément de documentation, d'argumentaires et de recherche, sur le site de l'association.

Fondation Copernic

"Pour remettre à l'endroit ce que libéralisme fait tourner à l'envers", il faut évidemment voter non. Encore des idéalistes qui parient sur l'intelligence plutôt que de se contenter de la peur et d'incantations mensongères, ça me dégoûte ;-).

Dans les médias

Campagne officielle

Le conseil supérieur a doctement décidé que la campagne référendaire officielle attribuerait les temps de parole aux partis en fonction de leur représentation au parlement. En pratique, puisqu'un seul parti revendique le non (le PCF), c'est 90% de la campagne pour le oui, alors que les sondages balancent plutôt autour de 50/50. O démocratie merveilleuse !

« L’Europe, L’Europe... » : Le comptage des intervenants à la télévision selon « Arrêts sur images », du 1er janvier au 31 mars.

Une pétition circule pour défendre une information honnête pendant la campagne du référendum.

Daniel Scheidermann, le producteur d'"Arrêts sur images" (émission d'anayse des médias), nous livre sa perception du débat dans "le oui-carotte contre le non bâton".

Référendum: oui-carotte contre oui-bâton
Information

Le non est une maladie grave et probablement mortelle. Elle est induite par un profond dérangement intellectuel. Je le sais, je l'ai lu dans le journal.

Un peu de recul sur tout ça, nous ne nous étendons pas, d'autres le font tellement mieux que nous :