Actualité
Lettre d'information du dimanche 15 mai 2005
Une actualité très dense cette semaine, autour de la possibilité de renégocier le traité, de ce que l'on voudrait mettre dedans, et de figures emblématiques favorables au non. Bonne lecture ! Pour réagir : nonmais@free.fr.
A la une
"Le rôle de Chirac est [...] de dire aux Français: "si vous votez Non, je porterai votre Non à Bruxelles et en serai le héraut comme ma charge et mon mandat me le dictent." et non pas de préparer Barroso et les pays du oui à traiter la France comme le "mouton noir".
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-631760,36-645422@51-641597,0.html
http://reseau.over-blog.com/article-318720.html
"Le « non » a progressé aux Pays-Bas jusqu’à 58,5 %. Il vient de progresser en Pologne de 36 % à 44 % des voix. Il monte majoritairement au Danemark. La Suède est traversée vent debout par le débat sur Bolkestein et les salaires des ouvriers du bâtiment letton au point que le plus grand syndicat menace de revoir sa position sur la constitution. Oskar Lafontaine, dirigeant respecté du Spd, très écouté des syndicats allemands, tout comme Georges Dubunne, dirigeant syndical belge de la Fgtb, fondateur président de la Ces, défendent le « non ». Les grecs sont secoués par une crise sociale, 200 000 manifestants réclamant un referendum et clamant : « le non Francais est notre non ». Le Portugal qui vote à l’automne se sent concerné. Cela fait naturellement éclater le débat jour après jour, partout en Europe, à propos du fameux « plan B ». Y a t il une alternative, un meilleur compromis possible à cette constitution ?"
http://www.democratie-socialisme.org/article.php3?id_article=570
Jacques Delors (ancien président de la Commission) l'a dit, la renégociation du TCE est possible :
"il faudra tout recommencer, convoquer une nouvelle Convention, puis organiser une nouvelle conférence intergouvernementale".
On rappelle que tous les tenants du oui, Chirac en tête, faisaient de cette prétendue impossibilité un de leurs arguments massue.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-631760,36-648846@51-641597,0.html
http://www.investigateur.info/news/articles/article_2005_05_13_jac.html
Article de G Filoche : Le débat sur le plan B est lancé !...
http://www.democratie-socialisme.org/article.php3?id_article=570
Le traité est renégociable, c'est un spécialiste qui le dit :
Si la France, pays fondateur, vote non" au référendum sur la
Constitution européenne du 29 mai, "cela démontrera qu'il y a un
déficit de légitimité populaire en Europe" et "on va devoir rouvrir le
débat public européen" déclare
le Commissaire européen à la Justice
Franco Frattini dans une interview publiée mercredi 27 avril par Le
Figaro.
L'article
du Nouvel Observateur
La contre-attaque se structure. Une dizaine de personnalités de gauche
(Wurz, Cassen, Nikonoff...) proposent très concrètement dans un long texte commun leurs "Propositions pour une relance européenne". Les signatures de soutien affluent.
http://www.nonsocialiste.fr/article/articleview/991/1/329/
Les 3 propositions de Chevènement :
– révision des statuts de la Banque centrale avec l'objectif assigné de
la croissance ;
–
assouplissement non cosmétique du pacte de stabilité, autorisant
notamment la déduction des dépenses de recherche du montant plafonné
des déficits : ce serait le meilleur moyen pour l'Europe de relancer
son économie sur des bases saines et de combler son retard scientifique
et technologique sur les Etats-Unis et le Japon ;
– création d'un
véritable gouvernement économique à douze, capable de décider à la
majorité qualifiée d'une harmonisation fiscale et d'une convergence
sociale progressive.
http://mrc-france.org/a987
Les 3 propositions de Fabius :
-"enlever (...) ce qui opère ce
décrochage [économique et social en France],
- deuxièmement rendons cette Constitution révisable comme toutes les
Constitutions du monde
- et faisons en sorte que l'Allemagne, la France, l'Espagne, bref ceux
qui veulent avancer plus vite que les autres puissent le faire".
http://permanent.nouvelobs.com/politique/20050509.OBS6046.html
Bernard Lamizet, prof à Sciences Po, donne une longue tribune parue dans le Monde. Il souhaite :
- que l'on clarifie l'oxymore "économie sociale de marché"
- au nom d'une réelle citoyenneté et pour rendre possible la naissance d'un espace politique européen, que l'on intègre la liberté d'expression et d'information à la charte des droits,
- que l'on dépasse l'Europe-marché en instituant les contre-pouvoirs nécessaires.
http://www.nonsocialiste.fr/article/articleview/936/1/321/
Danielle Mitterrand déclare qu'elle votera non, car "le oui de gauche se trompe".
http://www.reuters.fr/locales/c_newsArticle.jsp?type=topNews&localeKey=fr_FR&storyID=8460992
Une socialiste ayant participé à
l'élaboration de la Constitution et longtemps défendu le traité retourne sa veste, le texte est devenu
trop contraire à ses valeurs : article de Pervenche Beres, députée PS à Strasbourg
http://www.ouisocialiste.net/IMG/pdf/beresMonde290904.pdf
Oskar Lafontaine, ancien patron des socialistes allemands et ancien ministre des finances, voterait non s'il en avait la possibilité : "Je suis un européen convaincu. Mais je pense depuis longtemps que l’Union européenne s’est engagée dans une mauvaise voie".
http://www.humanite.fr/popup_print.php3?id_article=487262
L'auteur de la Partie II (charte des droits fondamentaux) se décide à voter non !
Selon Guy Braibant, le travail des chefs d'états a vidé cette charte de cette substance et l'intégration de la partie 3 sur les politiques est une grave erreur.
http://www.humanite.fr/popup_print.php3?id_article=633405
Le silence est trompeur... Le gouvernement repousse à l'après-29 mai tous les sujets sensibles qui pourraient faire le jeu des partisans du non. Inventaire.
http://www.liberation.com/page.php?Article=296267
Le droit européen actuel permet de nombreuses dérogations pouvant porter le temps de travail jusqu'à 65 heures.
Le parlement, a cette semaine, voté la fin de ces dérogations, et tout le monde s'est félicité de cette avancée sociale abaissant la limite maximale à 48 heures.
Jusqu'à ce que plusieurs experts soulignent dans la presse que "la Commission refusera de prendre en compte le vote du Parlement" (hé oui c'est bien comme ça que ça se passe), puisque c'est elle qui a le dernier mot avec le Conseil des ministres. Ce vote était inutile, sauf pour tenter de faire croire aux électeurs du référendum que le Parlement existe et qu'il a le pouvoir et l'envie de faire du social.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-631760,36-648841@51-633953,0.html
Les députés français saisissent le Conseil d'Etat saisi sur la "propagande" gouvernementale en faveur du traité.
http://permanent.nouvelobs.com/europe/20050510.OBS6281.html
Nous avons reçu par courrier le texte du projet de constitution, accompagné du texte de loi objet du référendum et de son "exposé des motifs", texte dans lequel le gouvernement dit tout le bien qu'il pense du projet et faisant passer cela pour un résumé du texte. Dans quelle république bananière sommes-nous ? Un petit gars dans notre genre analyse extensivement ce document et ses nombreuses erreurs. Vous avez dit mensonge d'état ?
http://tom.fischer.free.fr/constitutioneuropeenne_exposedesmotifs_sommaire.htm
Attac : Attention, danger ! Réponse à l’exposé des motifs joint à la "constitution"
http://www.france.attac.org/a4842
La Constitution est issue d'un processus démocratique ayant associé les
citoyens au moyen d'outils participatifs comme "1000 débats pour
l'Europe", une initiative de l'Union. On trouve dans ces débats... les
meetings de campagne du PS, comme par exemple celui
du 11 mai à Clermont Ferrand. Une noble idée de la démocratie
participative !
Des médias très partisans... Hors du « oui » point de micros :
http://www.humanite.presse.fr/journal/2005-05-10/2005-05-10-634017
Des stats récentes (avril) sur les chiffrages du temps de parole :
http://www.acrimed.org/article2014.html
Nous remarquons que bien souvent l'intervieweur/le journaliste a une approche partisane des questions posées et traite mal les défenseurs du non. Et si leur temps de parole était ajouté à celui du oui ? Des noms :
Guetta, Chapel, Barbier, Ferry et Julliard, Elkabach, Ockrent, July, Joffrin...
« QUELQUES JOURS POUR FAIRE GAGNER LE NON » Yves Salesse, coprésident de la fondation Copernic
http://www.appeldes200.net/article.php3?id_article=742
Fraichement réélu, Tony Blair veut remettre la directive
Bolkestein sur les rails durant la Présidence britannique de
l'Union (2ème semestre 2005).
Parallèle historique
* 28 septembre 1948, Eleanor Roosevelt présente "son" projet de
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme à la Sorbonne. Une
ambition extrême (parler de l'égalité des sexes, passer de
"international" à "universel" !!!) qui sera ratifiée - avec
transposition dans le droit national des droits civils, économiques,
sociaux - par plus de 140 pays.
Ce projet ambitieux a franchi les étapes du Conseil Economique et
Social et l'Assemblée Générale des Nations Unies sans retouche.
(écouter
l'émission de France Culture qui lui a été consacrée le 11 mai)
* 29 octobre 2004, Rome : sous le haut patronage de Berlusconi, les
chefs d'état et de gouvernement Européens présentent solennellement le
traité constitutionnel qu'ils ont caviardé et qui ne ressemble plus
beaucoup à ce que la Convention de Giscard avait enfanté. La charte des
droits fondamentaux qu'il contient fait double emploi avec la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, que la plupart des pays
de l'UE ont ratifié. Cette charte est de toutes façons inférieure aux
droits nationaux (art 112.6).
Messieurs, l'histoire vous regarde, remettez votre ouvrage sur le
métier ! De l'ambition ! Comme disait Eleanor : "You must do the things
you think you cannot do !"
Pourquoi les marins votent non. Intéressant sur qqs aspects maritimes pas très connus
http://www.rezocitoyen.org/article.php3?id_article=1221
Motion de censure déposée contre Barroso suite à ses relations coquines avec le milliardaire grec, qqs éléments nouveaux.
http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=91&art_id=219940
Et les lendemains n’ont pas chanté…
http://www.monde-diplomatique.fr/2005/05/LORDON/12175
Egalement dans le Diplo : "Dans le numéro de mai 2005, nous publions le décodage de cinq points clés du projet de Traité Constitutionnel. Nous livrons ici l’analyse de deux points supplémentaires : dumping social et laicité".
http://www.monde-diplomatique.fr/2005/05/CASSEN/12118
Les finasseries du calcul du "poids de la France" au sein de l'UE. Personnellement ça ne m'intéresse pas beaucoup mais c'est un argument souvent entendu :
http://mjp.univ-perp.fr/europe/mensonge.htm
http://www.cuverville.org/Cuverville-sans-frontiere/Constitution-europeenne-poids-de-la-France-a43172.html
Attac, article récent de Lecourieux sur la CJCE : La Cour de justice de l’Union européenne ou le pouvoir judiciaire asservi, la renégociation du traité constitutionnel après un « Non de gauche » du peuple français
http://www.france.attac.org/a4894
Lettre d'information du lundi 9 mai 2005
Après notre site (http://nonmais.free.fr) qui nous a permis d'ouvrir la discussion avec pas mal de monde, nous constatons avec plaisir que dans les gazettes, dans les cafés, entre nous tous, le débat sur le projet de constitution européenne continue.
C'est un grand progrès sur une démocratie que l'on disait moribonde, et c'est une occasion rare de s'interroger mutuellement sur la société que nous voulons, pour nous-mêmes et pour nos enfants. Et de faire irruption citoyenne dans le champ du politique, avec tous les risques que cela comporte, mais passons.
Aux tenants du oui de gauche, je pose cette question simple : le projet de TCE répond-il à vos aspirations social-démocrates ? Le pragmatisme et les reniements ne fondent pas une politique. Si la social-démocratie est bien, comme la définissent Jospin et Chirac eux-mêmes, le capitalisme accompagné de régulations, on cherche en vain les régulations dans ce projet de constitution. Impotence de la politique économique, industrielle, sociale... le citoyen se retrouvera bien dépourvu face à la loi de la jungle que l'on nous présente comme la seule issue raisonnable. Interrogeons-nous sur la civilisation que l'on nous promet ! Si l'on est social-démocrate, on veut une constitution avec les régulations, ou sans le libéralisme.
Aux tenants du pragmatisme voulant faire de l'économique, de la concurrence, le début et la fin de tout, je demande : si nous fondons notre rapport au monde sur la relation d'échange intéressé, quelle place voulons-nous laisser à l'échange gratuit, au don, à la coopération, à l'intérêt général, valeurs un peu plus dignes de notre condition d'homo sapiens ? Vous sentez-vous au mieux de votre humanité quand vous vous mettez dans une relation d'intérêt, à défendre votre bifteck, avec ce que cela suppose de rouerie, de mensonges, de mauvaise foi... ?
A ceux qui trouvent le TCE parfait pour dégraisser le mammouth - "ils abusent quand même ces fonctionnaires, oh c'est sûr ils ne sont pas tous pareils mais bon, hein... si tu voyais la productivité à [l'hopital, la RATP...], c'est sûr que dans le privé ça nous coûterait moins cher", je veux soumettre cette idée : et s'il y avait, pour mieux assurer la performance de nos services publics et parapublics, d'autres solutions que la privatisation, ou sa version édulcorée, la délégation de service public ? Nous avons suffisamment d'exemples de privatisations foireuses, de qualité de service déclinante, de tarifs qui augmentent... pour ne pas faire du privé la panacée. Renommons notre problème : oui, nous devons probablement améliorer le management des fonctionnaires. Là se situe le courage politique et le progrès. J'en lance une au hasard : l'emploi à vie est-il nécessaire pour assurer un service public ?
Aux tenants de la politique fiction, qui écrivent l'après 29 mai - la renégociation est impossible, la France se met au ban de l'Europe, etc, je veux rappeler plusieurs choses. D'abord, nous sommes - presque - les premiers à voter, et il se pourrait fort bien que d'autres consciences européennes se réveillent après nous et donnent encore plus de de sens à notre non de gauche. De toutes façons, le non est utile puisque grâce à lui l'Europe ne sera plus jamais comme avant. Un nouveau débat constitutionnel aura lieu, pour lequel les propositions ne manquent pas : voir par exemple Nikonoff, Fabius... Ces projets doivent être comparés à ceux des futurologues promettant après le TCE une europe sociale et citoyenne, ou à un train Européen bloqué en gare alors que nos gouvernants ont souvent mis en place plusieurs traités importants par décennie.
Aux tenants du sonomètre, je suis bien obligé de concéder que le oui a gagné sa présence dans les médias - les études le confirment tristement semaine après semaine : les temps d'antenne restent très déséquilibrés, un effet encore amplifié par la communication gouvernementale (affiches, spots, prétendu exposé des motifs du projet de loi que nous recevons par la Poste - procédés et budgets sur lesquels il faut d'ailleurs s'interroger). Si vous croyez que les medias incarnent une vision pondérée et raisonnable, interrogez vous sur la nasse d'intérêts dans laquelle ils survivent - servir la soupe aux politiques, à leurs employeurs, penser à leur carrière - et sur les prix d'objectivité qu'ils s'auto-décernent. Et faites preuve de citoyenneté éclairée : approchez le sujet par vos propres moyens, lisez le texte, lisez des analyses de tous bords, vous n'en sortirez que grandis.
A ceux qui disent : "L'Europe ! l'Europe" en sautant comme des cabris, je dis oui à la paix (et non pas à l'augmentation des capacités militaires comme le prévoit l'article 41) et au progrès partagé par tous.
A ceux qui me disent : ce texte est incompréhensible, je ne veux pas le lire, je dis : la technocratie a gagné !
Je mets au défi ceux qui me disent que je vote comme Le Pen et Buffet de trouver dans leur rue 50% de gens avec qui ils ont envie de partir en vacances.
Que le débat continue : nonmais@free.fr.
Et retrouvez-nous sur notre site web http://nonmais.free.fr.
Et comme dit Mélenchon, dans électeur il y a "lecteur" ! ;-)
a+
O. 9/5/2005